L’heure est à la mobilisation. L’opposition au projet de refonte du statut d’enseignant-chercheur a fédéré, jusqu’aux juristes, peu coutumiers de l’action collective. Les formes d’action se diversifient : la grève, dans toutes ses déclinaisons, mais aussi des interventions hors les murs visant à informer l’opinion publique. Une nécessité alors que la couverture médiatique est partielle (au nom de ce que le dossier serait par trop technique !) et partiale (au-delà des dérapages de plusieurs éditorialistes, comment justifier, par exemple, toute cette place donnée aux déclarations, répétées et tonitruantes, de l’ancien président de Paris 4 ?)
Si la question du statut fédère, le mouvement actuel ne s’y réduit pas. Il apparaît d’abord que le projet de décret ne peut être dissocié de la loi du 10 août 2007 dite « LRU ». Et l’opposition à ce texte a grandi ces derniers mois : même ceux qui voyaient dans l’autonomie une « chance » (pour reprendre le slogan de la CPU), tempèrent leur optimisme initial, voire tempêtent, à l’annonce des 900 suppressions de postes du budget 2009. L’ « autonomie » rime d’abord avec économies, celles que l’Etat réalise en se désengageant (la politique menée au CNRS va dans le même sens). Dans ce contexte financier, et sur fond de baisse des effectifs étudiants, la possibilité pour les présidents d’université de recruter des enseignants-chercheurs et des chercheurs sur contrat risque bien de se transformer en norme de bonne gestion. Des contractuels à qui l’on pourra d’ailleurs imposer un alourdissement des tâches d’enseignement, auquel le gouvernement va vraisemblablement renoncer pour les titulaires vu l’ampleur de la fronde que suscite le projet dit « de modulation des services ».
Mais la réécriture du décret ne suffira pas à calmer (on l’espère en tout cas) la colère des universitaires et des chercheurs. Tous les signaux envoyés ces dernières années, sous prétexte de réformes, attestent du peu d’ambition pour l’enseignement supérieur et la recherche, et du mépris pour les enseignants et chercheurs. Le discours présidentiel du 22 janvier « à l’occasion du lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche » (http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cview&press_id=2259&cat_id=7) est sous ce rapport emblématique, autant dans sa ligne générale, que dans les improvisations du locuteur (« il y a de la lumière, c’est chauffé »).
L’heure était déjà à la mobilisation dans notre discipline, depuis longtemps dans l’oeil du cyclone. L’AFS organise des états-généraux au moment de son colloque d’avril prochain, l’ASES propose des assises en octobre. Au-delà de nos engagements dans le mouvement en cours, il faudra trouver les espaces et les moments pour traiter un certain nombre de questions (l’évaluation, la professionnalisation, la pluridisciplinarité…) et éviter que les termes du débat ne nous soient encore une fois imposés.
Frédéric Neyrat
Président de l'ASES
Pour accéder au bulletin: http://groups.google.com/group/sociologuesdelenseignementsuperieur/files?hl=fr
Si la question du statut fédère, le mouvement actuel ne s’y réduit pas. Il apparaît d’abord que le projet de décret ne peut être dissocié de la loi du 10 août 2007 dite « LRU ». Et l’opposition à ce texte a grandi ces derniers mois : même ceux qui voyaient dans l’autonomie une « chance » (pour reprendre le slogan de la CPU), tempèrent leur optimisme initial, voire tempêtent, à l’annonce des 900 suppressions de postes du budget 2009. L’ « autonomie » rime d’abord avec économies, celles que l’Etat réalise en se désengageant (la politique menée au CNRS va dans le même sens). Dans ce contexte financier, et sur fond de baisse des effectifs étudiants, la possibilité pour les présidents d’université de recruter des enseignants-chercheurs et des chercheurs sur contrat risque bien de se transformer en norme de bonne gestion. Des contractuels à qui l’on pourra d’ailleurs imposer un alourdissement des tâches d’enseignement, auquel le gouvernement va vraisemblablement renoncer pour les titulaires vu l’ampleur de la fronde que suscite le projet dit « de modulation des services ».
Mais la réécriture du décret ne suffira pas à calmer (on l’espère en tout cas) la colère des universitaires et des chercheurs. Tous les signaux envoyés ces dernières années, sous prétexte de réformes, attestent du peu d’ambition pour l’enseignement supérieur et la recherche, et du mépris pour les enseignants et chercheurs. Le discours présidentiel du 22 janvier « à l’occasion du lancement de la réflexion pour une Stratégie Nationale de Recherche » (http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cview&press_id=2259&cat_id=7) est sous ce rapport emblématique, autant dans sa ligne générale, que dans les improvisations du locuteur (« il y a de la lumière, c’est chauffé »).
L’heure était déjà à la mobilisation dans notre discipline, depuis longtemps dans l’oeil du cyclone. L’AFS organise des états-généraux au moment de son colloque d’avril prochain, l’ASES propose des assises en octobre. Au-delà de nos engagements dans le mouvement en cours, il faudra trouver les espaces et les moments pour traiter un certain nombre de questions (l’évaluation, la professionnalisation, la pluridisciplinarité…) et éviter que les termes du débat ne nous soient encore une fois imposés.
Frédéric Neyrat
Président de l'ASES
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