mercredi 3 mars 2010

l'ASES et l'AECSP écrivent au Ministre de l'Education Nationale le 27 février 2010

Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,

Nous avons pris connaissance du programme de l’option de Sciences économiques et sociales que pourront choisir les élèves de seconde à la rentrée scolaire prochaine. Après l’avoir examiné attentivement et en avoir débattu au sein de nos associations professionnelles respectives, il en ressort une immense déception et beaucoup d’incompréhension.

Monsieur le Ministre, pourquoi ce programme n’a-t-il pas été préparé dans les conditions qu’exige toute réforme pédagogique digne de ce nom ? Pourquoi les enseignants de Sciences économiques et sociales, ceux-là même qui transmettent ces savoirs et savoir-faire, n’ont-ils pas été davantage associés ?

Une telle défiance vis-à-vis de nos collègues est inacceptable. Depuis trente ans, un mauvais procès leur est systématiquement fait par ceux qui souhaiteraient sans doute que l’économie soit enseignée comme un catéchisme et que la sociologie soit boutée définitivement hors des lycées. Suivre de telles directions dans l’élaboration du nouveau programme, c’est envoyer un bien mauvais signal à toute la communauté éducative comme à nos communautés scientifiques qui ont beaucoup d’estime pour les Sciences économiques et sociales enseignées au lycée. C’est, surtout, ne pas tenir compte de l’appréciation très positive qu’élèves et parents d’élèves portent à cette discipline. A l’heure de la gouvernance où exigence délibérative et politiques publiques sont indissociables, le procédé que vous avez choisi choque et va à l’encontre de toute logique d’élaboration rigoureuse des connaissances savantes et pédagogiques. De surcroît, le groupe d’experts que vous aviez constitué pour écrire le nouveau programme n’a pas, quant à lui, eu le temps ni les moyens de travailler dans des conditions satisfaisantes. Aussi, le résultat n’est-il pas digne de l’enjeu pédagogique que méritait cette réforme. C’est ce que rappelle notre collègue François Dubet dans sa lettre de démission : « si nous avons travaillé sérieusement et dans un climat apaisé, nous avons travaillé très vite, nous n'avons eu le temps de consulter personne et le Cabinet du ministère a sensiblement transformé notre projet ».


Monsieur le Ministre, acceptez de rouvrir ce dossier et permettez qu’une vraie et large concertation ait lieu, avec tous les partenaires directement concernés, pour écrire un programme à la fois pluraliste et ambitieux. La proposition de programme de l’APSES, fruit de la réflexion d’acteurs de terrain, est un solide document de travail pour la reprise de la discussion.


Le programme diffusé par votre administration privilégie, a contrario, une approche anti-didactique faisant bien trop de place à la microéconomie. L’économie générale est négligée, la place de la sociologie est minorée, quant à la science politique elle est simplement ignorée. Or, la vocation des Sciences économiques et sociales est d’apporter à nos élèves des outils rigoureux et utiles pour comprendre le monde contemporain dans son ensemble. Au regard des trois critères scientifiques qui sont les nôtres, à savoir le pluralisme théorique, la pluridisciplinarité qu’offrent les sciences sociales, économiques et politiques et la réflexion critique et citoyenne qui en découle, nous considérons dès lors que le programme que vous voulez imposer constitue une régression.

Monsieur le Ministre, un programme scolaire doit tenir compte des évolutions et des conquêtes scientifiques. Il doit correspondre notamment à ce que la communauté scientifique reconnaît comme heuristique. Par conséquent, nous vous appelons à remettre les sciences sociales au cœur des programmes de Sciences économiques et sociales.


Car, le programme que vous entendez instituer, par son étroitesse théorique, préparerait bien mal les élèves de l’enseignement secondaire aux filières de l’enseignement supérieur, universités, classes préparatoires et grandes écoles telles que les Instituts d’études politiques. Parce que son contenu est pauvre et monocolore, il va rendre la formation des élèves de la filière ES difficilement compatible avec ce que nous enseignons et avec ce vers quoi nous les professionnalisons.

Monsieur le Ministre, si ce programme reste en l’état et si vous n’acceptez pas de le revoir profondément en associant l’ensemble de la communauté des enseignants et des chercheurs des sciences humaines et sociales de l’enseignement secondaire et supérieur, nous serons, aux côtés des membres de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES), parmi ses plus vifs opposants.


Pour toutes ces raisons rapidement évoquées, nous sollicitons de votre part une audience afin de débattre avec vous de ces revendications.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.


Julien FRETEL, président de l’AECSP (Association des Enseignants et Chercheurs en Science Politique)

Frédéric NEYRAT, président de l’ASES (Association des Sociologues Enseignants du Supérieur)


Ce courrier est associé à une pétition à laquelle vous pouvez accéder en cliquant sur le titre de ce message

mardi 8 décembre 2009

Communiqué CNU 19 du 8 décembre 2009

A Mesdames et Messieurs les Journalistes

La ministre vient de rendre publiques les conclusions de l’enquête
diligentée à la suite de la grave crise qui secoue la 19ème section du
CNU (sociologie et démographie). Les organisations signataires prennent
acte des résultats de cette enquête qui a, par ailleurs, permis de faire
émerger des dysfonctionnements, dépourvus de caractère réglementaire,
liés aux pratiques internes de la section.

Le courrier de V. Pécresse fait référence à seulement 11 démissionnaires
(5 Mcf et 6 Pr). Les organisations signataires s'étonnent de ce nombre, 24
démissionnaires s'étant publiquement déclarés (10 Pr dont 2 nommés et 14
Mcf dont 3 nommés) sur les 36 membres de la section 19 du CNU. Elles ne
sauraient accepter que ce décompte donne une vision minorée de l’ampleur
de la contestation.

Les organisations soussignées réaffirment leur soutien aux
démissionnaires. Les organisations réitèrent leur demande de voir
d'urgence cette section dotée des moyens d'assurer ses missions.

Paris, le 8 décembre 2009

SNESUP-FSU, SGEN-CFDT, AFS, ASES

samedi 28 novembre 2009

Crise CNU 19 : communiqué du 28 novembre 2009

L'ASES ne s'associera pas à l'éventuel co-établissement d'une liste de collègues proposés à la cooptation. Il ne nous semble pas que cela soit un moyen de sortir de la crise que de négocier avec les quelques collègues qui continuent de siéger, malgré les appels réitérés à démissionner que la communauté leur a adressés. Ce serait leur redonner à bon compte un crédit moral que leur comportement leur a fait perdre. Mais surtout, cette solution ne présente pas la garantie ultime d'une représentation correcte de la communauté au sein du CNU, dans la mesure où les nouveaux membres seront cooptés par les non-démissionnaires.

Au nom des 628 collègues signataires de l'appel du 16 octobre, nous appelons
donc les non-démissionnaires à un sursaut. Leur démission est la condition sine qua non du renouvellement complet de la section. Sous réserve d'une volonté politique suffisante, nous pensons en effet que le ministère a les moyens réglementaires de dénouer la crise.


Communiqué du CA de l'ASES du 28 novembre 2009

vendredi 20 novembre 2009

Adresse solennelle aux derniers non démissionnaires : démissionnez tous, tant qu’il est encore temps!

Quand on exerce une responsabilité éminente au nom d’une communauté, cela exige d’avoir continûment la confiance de celle-ci. Et de démissionner lorsque l’on ne jouit plus de cette confiance. Or aujourd’hui vous n’avez plus la confiance nécessaire à l’exercice des missions que vous devez exercer.

Car le message de la pétition, lancée dans le prolongement de la rencontre et de l'appel du 16 octobre, est clair. Le nombre des signataires, la diversité des signatures, par delà les clivages d’école qui traversent la discipline, l’acte courageux des candidats à la qualification, les échos qu’elle trouve dans les autres communautés scientifiques : tout cela devrait définitivement dessiller les yeux de ceux qui prétendent continuer à siéger au CNU, indépendamment de ce qui s’est passé.

Faute d’une volonté politique, le décret ne sera pas immédiatement modifié pour corriger le vide juridique actuel. De façon totalement ubuesque, c’est donc vous, qui avez perdu la confiance de la communauté, qui allez au final coopter la plus grosse partie des membres de la prochaine section du CNU 19. L’impasse est totale.


Il est pourtant une façon de sortir de cette impasse, par le haut: en démissionnant tous, vous provoquerez de nouvelles élections ! Saisissez-vous de cette occasion historique pour retisser les fils de la confiance.


ASES



lundi 16 novembre 2009

Crise du CNU 19 : compte-rendu de la rencontre ASES-AFS avec les représentants du MESR

Compte-rendu de la rencontre du 13 novembre 2009 ayant eu lieu au Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, entre le cabinet de la Ministre et les associations de la sociologie, à leur demande.

L'AFS était représentée par Philippe Cibois, son président et l'ASES par Frédéric Neyrat, son président et Philip Milburn, son trésorier. Deux membres du cabinet ministériel, Carole Moinard (conseillère technique) et Thierry Coulhon (directeur ajoint) nous ont reçus.

Nous avons rappelé l'émoi de la communauté des sociologues, l'appel signé par les associations et les syndicats à la suite de la rencontre du 16 octobre, la demande de renouvellement complet de la section. Nous avons insisté sur la représentativité de la pétition lancée à cette fin.

Nos interlocuteurs nous ont répondu avoir bien conscience de la crise. Mais ils rejettent le scénario d'une dissolution suivi d'élections spécifiques pour la section 19 car le décret actuel ne donne pas à la Ministre un tel pouvoir. Quant à la modification du décret, ils s’y refusent.

Comme on a pu le lire dans le texte de la lettre envoyée par la Ministre à l'actuel vice-président de la section, l'activité de la section est suspendue jusqu'au résultat de l'enquête actuellement menée par la Direction Générale des Ressources Humaines du Ministère qui vérifie la régularité des promotions.

En ce qui concerne les démissions, le Ministère précise qu'elles doivent être envoyées par courrier postal recommandé ; que les suivants de liste contactés, s'ils refusent, doivent le faire également par courrier recommandé.

La méthode de recomposition de la section pour pallier les démissions se déroulera de la manière suivante : les nommés seront remplacés par d'autres nommés et les postes restant vacants après épuisement des listes feront l'objet d'une cooptation par les membres de la section

La procédure de cooptation semble au libre choix des membres (ceux qui restent !) de la section (candidatures, vote).

Seuls les postes vacants du bureau feront l'objet d'une élection dont on ne sait si elle interviendra avant ou après la « recomposition » de la section. La situation étant inédite et les textes muets sur ce point, la procédure générale n’est pas encore définie par le ministère.

Le Ministère insiste sur le fait que les résultats de la vérification de conformité des promotions devront être connus au début du mois de décembre et que les procédures de qualification auront bien lieu comme prévu, avec seulement un léger décalage, une certaine souplesse de calendrier étant accordée à la 19e section pour accomplir sa tâche. Les qualifications ne devront pas être affectées de ce fait.


lien vers la copie de la lettre de la Ministre au Vice-président de la section 19 :

L'enseignement des Sciences Economiques et Sociales : appel de l'APSES

L'enseignement des SES est à nouveau remis en cause dans le projet du ministre par le biais d'une réduction de l'horaire en seconde. Nous avons été nombreux l'an dernier à soutenir cet enseignement : notre soutien reste nécessaire.
Pour soutenir l'enseignement des SES, signez l'appel lancé par l'Apses pour une généralisation de l'enseignement de Sciences Economiques et Sociales au lycée :
http://www.apses.org/initiatives-actions/actions-de-l-annee-2009-2010/article/signez-l-appel-pour-une

Frédéric Neyrat, président de l'ASES
Philippe Cibois, président de l'AFS

mardi 10 novembre 2009

Rendez-vous au ministère

Nous avons obtenu un rendez-vous avec le directeur adjoint du cabinet de
Valérie Pécresse (Thierry Coulhon) vendredi prochain à 14 heures.

Nous redirons à cette occasion l'émoi suscité dans la communauté par les
autopromotions et d'autres dysfonctionnements de la 19 e section du CNU (
détaillés lors de la rencontre du 16 octobre à Paris Descartes).

Nous rappellerons l'ampleur historique de la mobilisation: l'appel du 16
octobre signé par l'AFS, l'ASES, le SNESUP, le Sgen CFDT et QSF et plus de
620 signataires pour la pétition.

Nous exigerons, conformément au texte de l'appel et de la pétition, qu'il
soit procédé au renouvellement anticipé et complet de la section, seul moyen
de garantir le retour à la sérénité, condition d'une évaluation juste.

Nous demanderons dès lors à la Ministre de prendre les mesures
réglementaires nécessaires (puisque amender le décret CNU est juridiquement
possible dès lors que la volonté politique existe) pour que puissent se
tenir très vite de nouvelles élections et que le calendrier des
qualifications ne soit pas trop perturbé.